http://www.estrepublicain.fr/doubs/2011/10/14/non-aux-visonsDoubs : Non aux visons
Moncley ne veut pas d’un nouvel élevage de visons à proximité de celui déjà implanté à Emagny. Un recours au tribunal administratif a été fait contre le feu vert de la Safer au projet.
« Une querelle entre chasseurs peut avoir pour conséquence que des gens ne pourront plus ouvrir leurs fenêtres à cause d’odeurs et qu’il y aura des navettes sur la voie verte ». Maire de Moncley, Patrick Meutelet, et les habitants de la commune voient d’un mauvais œil le projet qui prend forme à l’élevage de visons, implanté dans le village voisin d’Emagny par Eric Raunet. Un élevage créé en 1985 avec une simple déclaration d’installation et passé de 1.000 bêtes à l’origine à 10.000. Un élevage condamné, en juillet 2009, à se mettre en conformité avec la réglementation en vigueur par le tribunal administratif qui avait enjoint le préfet à faire exécuter d’office les travaux aux frais de l’exploitant. Aujourd’hui, si des progrès ont été réalisés dans l’épandage des effluents, une partie des installations se trouve en terrain non constructible. Selon la chambre d’agriculture, un changement de plan d’occupation des sols devrait régler le problème.
Aujourd’hui, le fils de l’éleveur, Kevin Raunet, vise l’acquisition de la maison des chasseurs de Moncley-Emagny avec l’hectare de terrain autour. Il a déposé un dossier auprès de la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) afin qu’elle préempte ce bien situé à l’écart de Moncley, mais à proximité des hangars renfermant les cages de visons de l’élevage de son père. « La Safer a fait une promesse de vente à Kevin Raunet. L’argent du contribuable risque de financer l’achat d’une maison qui servira d’annexe à l’élevage déjà existant. En outre, l’accès direct a été réhabilité en voie verte pour piétons », explique Patrick Meutelet. Mandaté par son conseil municipal, le maire de Moncley a déposé récemment un recours auprès du tribunal administratif contre la promesse de vente de la Safer.
« 400 bêtes oui mais 400 femelles »
En fait, à l’origine de ce dossier, il y a un différend au sein de l’association de chasse intercommunale Emagny-Moncley que le préfet a réglé, en son temps, en la dissolvant et en créant une indivision. Résultat, chacune des associations de chasse a décidé de vendre la maison. Le jour de la vente, le président de la société de Moncley n’a pas voulu céder le bien à un entrepreneur intéressé et le président de la société d’Emagny a remis le dossier à la Safer. Technicien à la Safer, Philippe Grégoire souligne : « On a procédé à un appel à candidatures et eu deux réponses. La commission a décidé l’attribution à Kevin Raunet à la condition que son projet soit une installation individuelle d’élevage de visons viable économiquement et respectant les réglementations sanitaires et autres. L’autre candidat était un agriculteur voulant reprendre le terrain pour le louer. On a donné priorité à l’installation d’un jeune agriculteur ». À la Safer, on sait très bien les actions en justice passées contre l’élevage d’Emagny et les nuisances à venir pour Moncley si le projet en cours aboutit : « On n’a pas donné un blanc-seing à M. Raunet. S’il ne remplit pas les conditions, si on juge son projet non viable, on ne lui vendra pas ».
Le dossier de Kevin Raunet a trait à un élevage de 400 visons, un seuil soumis à une simple déclaration d’installation et non à une déclaration d’autorisation comme l’exige le seuil de 2.000, selon la nomenclature carnassiers. « Sauf que c’est 400 femelles donnant naissance à 4 à 6 petits par an, le seuil sera vite dépassé », précise Patrick Meutelet. Bref, les premières maisons du haut du village et le château de Moncley subiront forcément des nuisances car pareil élevage dégage de fortes odeurs. En outre, le maire ne souhaite pas voir la voie verte se muer en chemin servant aux navettes du jeune éleveur.
Sollicité, Kevin Raunet est peu loquace : « J’ai un projet à la Safer, on verra si c’est bon ou pas. J’ai du travail, j’ai pas envie de discuter ».
